Documentaire
Inondations
Une menace planétaire
Résumé
Des villes en danger
Inondations
Les grandes mégapoles côtières de la terre sont de plus en plus menacées par les inondations. La mer monte et surtout les grandes villes construites sur les deltas s’affaissent. Elles perdent de 1 à 3 mètres en moyenne.
De nombreuses villes -comme New York- sont mal protégées. D’autres -comme Bangkok- sont sans solution face à cette menace.
Inondations : une menace planétaire est une investigation documentée qui, de Shanghai à Tokyo, en passant par Bangkok, New-York, Les Pays – Bas ou l’Allemagne nous informe des risques, nous confronte aux solutions de protection et nous plonge dans la « résilience urbaine », un nouvel état d’esprit qui peut changer notre perspective sur l’avenir. Un défi planétaire à relever.
Trailer
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Galerie
Climat
L’activité humaine en cause
Les récentes inondations catastrophiques à New York, Bangkok et la Nouvelle-Orléans ont révélé l’extrême vulnérabilité de plus de 130 villes côtières face à la violence de la mer. Ces mégacités sont menacées par un phénomène inédit : l’affaissement des sols. En effet, la plupart des villes situées sur les deltas s’enfoncent.
L’activité humaine est en cause : que ce soit le pompage excessif des nappes phréatiques, la multiplication des barrages (45.000 sur la terre), l’urbanisation chaotique et galopante des nouvelles mégapoles, en particulier en Asie, ou des phénomènes de liquéfaction du sol, tels qu’on les trouve au Japon.
Robert Nicholls, ingénieur côtier à l’Université de Southampton a mené pour la Banque Mondiale une vaste étude qui révèle la vulnérabilité de ces 136 villes. Les chiffres des affaissements, aussi appelés « subsidence » sont inquiétants :
« Tokyo s’est enfoncée de 4 mètres au cours du 20ème siècle, pas toute la ville, mais la partie construite sur le delta autour du port a pu perdre jusqu’à 4 mètres. Osaka, au Japon, s’est affaissée de 3 mètres, Tianjin de 2 mètres.
Shanghai s’est enfoncée de 3 mètres.
Jakarta en Indonésie connaît une subsidence de 4 mètres et continue de s’enfoncer rapidement aujourd’hui.
Manille a perdu probablement 1 mètre. Calcutta et Dacca s’enfoncent assurément.La Nouvelle-Orléans s’est enfoncée de plus de 3 mètres et continue de s’enfoncer. A Vancouver au Canada, il y a des zones qui se sont affaissées de plus d’un mètre ».
A l’affaissement des villes s’ajoute la hausse du niveau de la mer, prévue pour monter d’un mètre d’ici à la fin du siècle.
Ces deux phénomènes, affaissement des villes et hausse des océans n’ont rien à voir l’un avec l’autre, mais ils aggravent la situation des inondations dans les grandes villes côtières. Certains scientifiques suggèrent qu’il faudra peut-être un jour abandonner des villes. Il faut donc protéger les mégapoles des assauts de la mer, et en particulier des ondes de tempête (ces vagues qu’on appelait autrefois « raz-de-marée).
La première idée est évidemment de construire des murs, toutes sortes de murs : digues, barrières, barrages, écluses. Mais ces murs posent de nouveaux problèmes humains et environnementaux, en Thaïlande notamment et à Tokyo. Sans compter qu’on ne sait pas à quelle hauteur dresser ces murs, compte tenu des incertitudes sur la hausse continue du niveau de la mer. Une digue ou un barrage construit aujourd’hui sera-t-il encore protecteur d’ici 10 ou 20 ans ?
Ingénieurs, architectes, océanographes, spécialistes de l’environnement et décideurs politiques cherchent des protections d’un nouveau type. Désormais deux conceptions de la protection s’affrontent : d’une part, les tenants des solutions mécaniques en « dur » directement sécurisantes (barrages, digues et portes de protection), de l’autre les partisans d’une protection plus souple et plus visionnaire, globale et organique : redessiner le littoral en intégrant le danger, les paramètres environnementaux, écologiques et sociaux pour une qualité de vie durable des habitants, domaine dans lequel les Hollandais sont des experts. En bref, apprendre à vivre avec l’eau.
Une volonté politique s’impose pour mettre en place des solutions durables et pour augmenter la « résilience » des habitants.
La résilience est héritée d’un concept issu de la mécanique puis repris par l’écologie et la psychologie. Ce mot désigne alors la capacité d’un système ou d’un être vivant à absorber un choc, et à retrouver ensuite ses fonctions initiales. À travers le monde, un nouveau mouvement de « Résilience urbaine » voit le jour. Un concept pour gérer les crises faisant suite aux grandes inondations et permettre aux populations de s’en remettre plus rapidement en réduisant l’impact social et économique.
Sous la bannière de « Cent villes résilientes », les grandes mégapoles tentent d’échanger des informations et de partager du savoir-faire. Des experts poussent à un changement de mentalité, invitant les populations à vivre avec l’eau au lieu d’y résister de façon mécanique. Il s’agit désormais d’apprendre à vivre avec l’imprévisible car le changement climatique dérègle tout.
Les mégapoles côtières sont à un tournant de leur histoire. Et si elles ne réagissent pas, elles pourraient entraîner dans leur naufrage une partie de nos vies. La résilience urbaine apparaît alors comme une démarche prometteuse.
Mais à long terme, ne faut-il pas s’interroger sur la manière pour le moins paradoxale dont nous conduisons nos sociétés ?
Les auteurs
Présentation de l’équipe
Réalisation : Marie Mandy
Scénario : Nicolas Koutsikas,Emeraude Zervoudis et Marie Mandy
Narration : Marianne Cramer et Marie MAndy
Image : Vincent Fooy
Son : Patrick Maurois
Montage : Yann Coquart,Colette Beltran, Françoise Ricard
Musique : Hélène Blazy
Mixage : Matthieu Cochin
Production : Nicolas Koutsikas (Georama TV)
Témoignages
Quelques propos tirés du film
MALCOLM BOWMAN, océanographe, Université de Stonybrook, NY
« Chaque année, il y a une chance sur cent qu’un ouragan comme Sandy se reproduise. Cela ne semble pas beaucoup, mais si j’étais assis dans un avion en attendant le décollage et que le pilote annonce : «Il y a une chance sur cent que cet avion tombe aujourd’hui ! », moi, je quitterais l’avion. Donc, le risque est en effet assez élevé.
ROBERT NICHOLLS, ingénieur côtier, Southampton
« De plus en plus de personnes se déplacent vers les villes. Plus de la moitié de la population vit dans les villes, nous ne sommes plus ruraux, nous sommes devenus une espèce urbaine ».
JAMES SYVITSKI, océanographe, Université du Colorado-Boulder, USA
« Qui sont ces gouvernements qui décident que c’est OK d’avoir 5 millions, 10 ou 20 millions de personnes qui vivent sur un delta sans les protéger efficacement ? »
STEFAN RAHMSTORF, climatologue, université de Potsdam
« Nous allons probablement perdre des villes côtières en raison de la montée de la mer parce que nous ne pourrons pas les protéger ».
STEPHANE HALLEGATTE, économiste, Banque Mondiale , Washington
« Il ne faut pas attendre une catastrophe pour agir, ce qu’il faut faire c’est exactement le contraire : agir avant la catastrophe »
SCOTT MC PARTLAND, chasseur de tempête, New York
“Jamais de ma vie je n’aurais cru que je filmerais un ouragan de la force de Sandy, ici dans ma ville natale de NYC.
ASHVIN DAYAL, bureau « 100 Villes résilientes », Bangkok
« Regardez par la fenêtre à Bangkokn les constructions en cours et posez-vous la question : est-ce que ces constructions ont été réalisées avec des modèles hydrologiques tenant compte des inondations, pour vérifier si en érigeant un bâtiment ici, la communauté qui va l’habiter va souffrir la prochaine fois qu’il y aura des pluies torrentielles ? Non. Les gens ne sont pas suffisamment éduqués, il n’y pas assez de sensibilisation à la manière dont ces schémas de pluie changent, comment ce risque d’un pour cent d’inondation passe à 2%, puis 10% puis 20% avec le changement climatique ».
TIANLIAN YANG, directeur du centre de contrôle de l’affaissement des sols, Shanghai
« La subsidence est un risque très important menaçant les gratte-ciels de Shanghai ».
MALCOLM BOWMAN, océanographe, Univ. de Stonybrook, NY
« Si on avait un testament cacheté, ou une capsule temporelle fermée pour 50 ans, et que les prochaines générations l’ouvraient, ils liraient : “Ecoutez, on a eu une immense catastrophe, et on a échoué à la prendre au sérieux, et on n’a pas fait assez pour protéger les générations futures”. Hé bien, ils se demanderaient vraiment pourquoi nous avons été si lents….
MICHAEL BERKOWICZ, Fondation Rockefeller New York
« La résilience urbaine est la capacité d’une ville à non seulement rebondir, mais aussi à continuer de se développer et prospérer, qu’elle soit confrontée à des épisodes aigus, qu’on appelle chocs, ou des problèmes chroniques qu’on appelle stress. C’est valable pour le climat comme pour le terrorisme ».
HENK OVINK, envoyé special pour les affaires de l’eau, Pays-Bas
« Pour aller de l’avant, que faut-il faire? Ne pas utiliser Sandy, ou Irène ou Katrina comme référence pour ce que l’on va faire. Il faut utiliser le futur comme référence, ce qui veut dire, par définition, que nous allons devoir innover »
KATE ORFF, architecte, New York
« Moi, ce que je ne veux plus voir, ce sont des murs dans le paysage. Je ne veux plus voir les gens coupés de la nature. Cela fait 200 ans que l’on fait ça ».
DAWN ZIMMER, maire de la ville de Hoboken, New Jersey
« Il y a la résilience, mais il y a aussi la capacité à prendre des décisions difficiles “Non, vous ne pouvez pas construire sur nos jetées. Vous ne pouvez pas construire sur le front de mer”. On ne va pas mettre nos futurs résidents en danger en acceptant des constructions sur notre littoral ».
KATE ORFF, architecte, New York
« Nous avons besoin d’une idéologie différente, d’un engagement nouveau avec le monde naturel. Qui ne repose pas sur le contrôle, qui ne consiste pas à “bloquer” mais qui augmente notre perception et augmente notre engagement actif »