Nicolas Koutsikas est co-auteur avec Émeraude Zervoudis du documentaire d’investigation « Épidémies: l’empreinte de l’homme » qui sera diffusé sur ARTE le 11 novembre 2023 à 23:15.
« L’effet de dilution» étudié par Richard Ostfeld au Cary Institute of Ecosystem Studies à New York et Fellicia Keesing au Bard College de New York est un concept en écoépidémiologie qui suggère que la présence d’une grande variété d’espèces d’animaux dans un environnement peut réduire le risque de transmission d’une maladie infectieuse d’un animal à un autre, y compris à l’homme.
L’importance de la diversité des espèces
La diversité des espèces réduit le nombre de mammifères sensibles à la transmission de maladies. Plus il y a de diversité d’espèces, moins le phénomène de transmission est concentré sur une seule espèce, ce qui réduit le risque de propagation des agents pathogènes. Cependant, les preuves empiriques pour soutenir cette hypothèse présentent encore des incohérences et dépendent du mode de transmission des agents pathogènes.
Le cas de la Maladie de Lyme à New York
Dans le cas de la maladie de Lyme, l’effet de dilution se produit lorsque le pathogène, la bactérie Borrelia burgdorferi, doit infecter un grand nombre d’hôtes différents pour se propager. Si l’environnement est riche en espèces d’animaux, la bactérie a plus de chances d’infecter un hôte qui n’est pas sensible à la maladie. Cela réduit la probabilité que la bactérie soit transmise à un hôte sensible, comme l’homme.
Il existe des preuves que l’effet de dilution peut jouer un rôle dans la prévention de la maladie de Lyme à New York. Une étude publiée en 2018 a montré que les zones de New York avec une plus grande diversité des espèces d’oiseaux avaient un taux de maladie de Lyme plus faible. L’étude a suggéré que la présence d’une grande variété d’oiseaux offrait à la bactérie Borrelia burgdorferi plus d’opportunités d’infecter un hôte qui n’était pas sensible à la maladie.
Une autre étude, publiée en 2021, a montré que les zones de New York avec une plus grande diversité des espèces de mammifères avaient un taux de maladie de Lyme plus faible. L’étude a suggéré que la présence d’une grande variété de mammifères offrait à la bactérie Borrelia burgdorferi plus d’opportunités d’infecter un hôte qui n’était pas sensible à la maladie.
Bien que ces études soient observationnelles, elles fournissent des preuves solides que la biodiversité peut jouer un rôle important dans la prévention de la maladie de Lyme à New York.
La biodiversité peut-elle nous protéger des maladies infectieuses ?
L’effet de dilution est utile, car il contribue à réduire le risque de propagation des maladies infectieuses. En favorisant la coexistence de différentes espèces au sein d’une communauté, l’effet de dilution permet de disperser les agents pathogènes sur un plus grand nombre d’espèces, réduisant ainsi la concentration de la transmission dans une seule espèce. Cela limite la possibilité pour les agents pathogènes de se propager rapidement et efficacement.
En d’autres termes, lorsque la diversité des espèces est élevée, les agents pathogènes ont moins de chances de trouver des hôtes appropriés et de se reproduire rapidement, ce qui réduit le nombre de cas d’infection.
Effet de dilution : un frein à la transmission des maladies ?
L’effet de dilution peut également être bénéfique dans la mesure où il favorise la présence d’espèces de réservoirs moins sensibles ou moins susceptibles d’être affectées par les maladies, limitant ainsi la transmission aux espèces vulnérables, y compris les humains.
En comprenant et en préservant la biodiversité et les écosystèmes naturels, l’effet de dilution peut jouer un rôle important dans la prévention de l’émergence et de la propagation des maladies infectieuses, ce qui est essentiel pour la santé humaine et animale.